Jusqu’aux dix dernières années, les aliments bio étaient l’apanage d’un groupe de consommateurs plus informés et mieux nantis. Aujourd’hui, le biologique croît en popularité auprès d’une clientèle plus large et préoccupée par sa santé. Selon des estimations récentes, la moitié des consommateurs québécois tendent à se tourner vers les aliments bio, et 20 % d’entre eux en sont de vrais mordus. Si le biologique semble s’inscrire dans les courants actuels, ce type d’agriculture et d’élevage est pourtant riche de ses cinquante ans d’histoire au Québec. Bien plus qu’une tendance, l’alimentation biologique se définit comme un mode de vie.
Végétarisme, végétalisme, biologique : voilà des notions souvent confondues puisqu’elles partent du même principe louable de mieux s’alimenter. Or, la pratique délimite la frontière entre ces différentes approches.
Par définition, la nutrition végétarienne exclut la viande et l’alimentation végétalienne pousse encore plus loin en refusant toutes formes de produits animaliers allant des oeufs jusqu’aux produits laitiers. Mais où se situe le bio dans tout cela?
L’alimentation biologique ne restreint nullement la consommation de certains aliments. Elle signifie plutôt que l’on mange de la viande, des oeufs, des produits laitiers, des fruits, des légumes et autres denrées provenant de l’agriculture biologique. Et pour être certifié bio, un aliment doit être produit selon un code d’éthique strict fondé sur la santé de la terre et des animaux.
Une autre culture
On entend souvent l’expression « exploiter une terre ». Le producteur biologique préfère la cultiver. Pour ce faire, il travaille harmonieusement avec la nature. En somme, il protège, nourrit et enrichit les sols en recourant à des procédés respectueux des êtres vivants et de leur milieu naturel.
En production bio, le compost et les engrais naturels ou dits verts – les plantes semées et enfouies dans le sol – alimentent la terre. La rotation des cultures, c’est-à-dire ne jamais cultiver les mêmes plants au même endroit longtemps, évite d’épuiser les champs. La plantation d’arbres ou d’arbustes pour former des « bandes tampons » freine entre autres les indésirables transportés par le vent.
Dans une terre bio, les microorganismes, les vers de terre et les autres bestioles pullulent pour favoriser la fertilité. Ce mode de culture encourage la présence d’une faune nécessaire en vue de régénérer la terre et d’éliminer les insectes nuisibles. Pour exercer un contrôle sur les parasites, on recourt au sarclage, au compagnonnage, aux pesticides naturels autorisés, aux pièges et aux appâts.
Du champ à votre assiette
Vous l’aurez compris : l’agriculture biologique proscrit l’utilisation de pesticides chimiques, de fertilisants de synthèse, de boues d’épuration et d’OGM (organismes génétiquement modifiés). Ces fameux OGM, qui animent de plus en plus les débats, seront définis ultérieurement dans ce guide.
Cultiver bio impose également l’usage de semences originales ou n’ayant pas subi de traitement chimique. Au lieu de semences hybrides, on mise sur une pollinisation libre assurée par le vent et les insectes afin de reproduire les plants.
Ce type de production est aussi dicté par la biodiversité et non la monoculture. Manger bio devient ainsi l’occasion de découvrir des variétés de fruits et de légumes boudés par les agriculteurs industriels qui les jugent peu rentables.
Viande… que l’on en mange!
Au fil des ans, les consommateurs se sont transformés en de réels carnivores. Ainsi, l’image bucolique de la vache broutant dans le pré est pratiquement devenue un mythe en agriculture conventionnelle. Afin de répondre à la demande, l’élevage du bétail et des volailles prend la forme d’une réelle industrie. Une ferme qualifiée de familiale peut générer jusqu’à 15 000 porcs par année.
Mieux vaut prévenir que guérir! Ce proverbe s’applique en production intensive puisque la plupart des éleveurs canadiens recourent aux vaccins et aux antibiotiques non seulement pour guérir, mais aussi prévenir et stimuler la croissance. Pourquoi? Ces espaces exigus où sont confinés des milliers d’animaux deviennent de vrais incubateurs pour les maladies.
Cependant, un tel usage de médication ne va pas sans impact. Aujourd’hui, près de 50 % des antibiotiques sur le marché serviraient à l’élevage animal sur le plan mondial. Si l’on pense que les humains prennent déjà des antibiotiques pour se soigner, il n’est pas surprenant de voir apparaître des bactéries hyperrésistantes.
Le recours aux hormones pour engraisser les bêtes agirait aussi sur le métabolisme humain. Plusieurs études scientifiques révèlent qu’elles déclencheraient une puberté précoce chez certains ados et multiplieraient les risques de cancer du sein.
Un esprit sain dans un corps sain
L’élevage biologique adopte une tout autre logique en prônant le respect des animaux, de leurs besoins essentiels et de leur croissance normale. Au départ, ces animaux issus d’entreprises certifiées font l’objet d’une identification. Par la suite, tout un système de traçabilité permet de suivre la bête de l’étable à la table.
Autre règle, la viande, les produits laitiers et les oeufs bio sont produits sans antibiotiques ni médicaments. En cas de maladie, on isole l’animal et on le soigne par des thérapies alternatives telle l’homéopathie. Question nourriture, les bêtes bio ne consomment aucune hormone de croissance, ni moulée avec OGM ou farines animales. En résumé, ces animaux mangent du foin et des céréales bio et grandissent à leur rythme.
Les troupeaux peu populeux doivent évoluer dans des bâtiments propres, aérés et éclairés par la lumière solaire. Leur espace vital doit leur offrir toute la latitude pour bouger à leur aise et se prélasser sur un sol sans lattes ni grillages. Selon les normes biologiques, ces animaux prennent l’air lorsque le climat le permet. Ils trottinent donc dans le pré, se roulent dans l’herbe et vivent sainement pour nous offrir une chair santé.
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